MARQUER LEUR SENTIER, Arborglyphes basques dans la Sierra Nevada

"Au début du XXe siècle, les bergers basques sculptaient des figures distinctives dans les trembles. Cette exposition présente une collection de gravures tirées de ces arborglyphes.

Les tremblaies constituent les galeries les plus inattendues. Dans les prairies reculées de la Sierra Nevada, des œuvres d'art ont été cachées par des artistes inattendus et involontaires. Des figures nues, des animaux, des noms et des dates, des scènes érotiques, des portraits et des profils ont été soigneusement gravés dans l'écorce blanche et lisse de jeunes arbres par des bergers basques au cours du XXe siècle. La plupart des sculptures connues ont été réalisées dans les années 1930 et 1940, à l'apogée de l'industrie ovine dans l'Ouest américain. Utilisant des couteaux ou des clous comme des crayons, ces artistes sculptaient une ligne fine afin de ne pas endommager l'arbre et d'obtenir l'effet désiré au fil du temps ; au fur et à mesure que les trembles devenaient plus grands et plus épais, les lignes des sculptures se modifiaient également. Ces bergers, dont beaucoup venaient tout juste d'arriver de la patrie basque des Pyrénées en Espagne et en France, ont littéralement marqué l'Ouest américain de leur empreinte, déposant des images sur les arbres comme une traînée de miettes alors qu'ils conduisaient des troupeaux de moutons le long de l'épine dorsale de chaînes de montagnes inconnues.

Les sculptures sur tremble, souvent appelées arborglyphes, n'étaient destinées qu'à être vues par d'autres bergers et, lorsqu'elles étaient découvertes par hasard par des randonneurs ou des forestiers, elles n'étaient pas considérées comme ayant une quelconque importance culturelle, historique ou artistique. Ce n'est qu'à la fin des années 1960 que les tremblaies embellies ont commencé à susciter un certain intérêt dans les milieux universitaires. Lors d'une conférence à Reno en 1969, Jean et Philip Earl ont découvert l'existence des arborglyphes qui languissaient dans les montagnes sauvages. Intrigués, ils ont commencé à rechercher activement ce qu'ils ont d'abord appelé des "galeries vivantes" et à expérimenter des méthodes d'enregistrement et de conservation des images qu'ils trouvaient (la mousseline et la cire à frotter noire se sont avérées les meilleurs outils pour ce travail).

Les Earls ont consacré 40 ans à l'archivage des sculptures, dont l'existence était inextricablement liée à la durée de vie de l'arbre sur lequel elles avaient été gravées. En bref, lorsque l'arbre est mort, l'œuvre d'art est morte elle aussi. "C'est le sentiment de perte que nous éprouvions à l'égard de ces images familières qui nous a poussés à chercher un moyen de les préserver", explique Jean. Au total, les Earls ont réalisé plus de 135 frottages, provenant de quatre bosquets distincts de la haute Sierra. Arts et Culture El Dorado a sélectionné les plus remarquables de ces frottages pour les exposer à la Confidence Firehouse Gallery à Placerville.  Marquer leur chemin : Arborglyphes basques de la Sierra Nevada célèbre l'histoire unique de l'immigration dans l'Ouest américain et d'une culture diasporique qui, en naviguant sur ce nouveau terrain, a créé un langage visuel unique en utilisant le paysage lui-même comme moyen d'expression".